Mon enfant ne veut plus aller chez l’autre parent : que faire?

Écouter son enfant pour mieux le comprendre 

« Je ne veux pas y aller… »

Quand un enfant exprime un refus ou une résistance à se rendre chez l’un de ses parents, le cœur du parent qui l’écoute se serre. Derrière ces mots, il y a souvent un mélange d’émotions, de besoins, de peurs ou de tensions qu’il n’arrive pas à formuler clairement.

 

Pour les parents, comme pour les professionnel.e.s qui les accompagnent (psychologue, avocat.e, médiatrice familiale, travailleur.se social.e, intervenant.e psychosocial.e), ce genre de situation soulève de nombreuses questions : faut-il forcer l’enfant? L’écouter? L’amener chez un thérapeute? Faut-il en parler avec l’autre parent? Et surtout… que cache ce refus?

 

Chez Nuances, nous croyons qu’il est essentiel d’offrir à l’enfant un espace sécuritaire et neutre pour s’exprimer. C’est dans cet esprit que s’inscrit le service d’audition amiable de l’enfant, une démarche professionnelle qui vise à écouter, sans juger ni prendre position, ce que vit l’enfant dans la situation de séparation parentale.

Enfant et parent devant la maison du père

Quand un enfant résiste aux changements de garde : un signal, pas un verdict

Il n’est pas rare qu’un enfant de parents séparés exprime des réticences à aller chez l’un de ses parents. Parfois, cela se produit de façon ponctuelle, dans un contexte particulier : une dispute récente, un conflit de loyauté, une fatigue émotionnelle ou physique, un événement marquant chez l’autre parent (nouvelle conjointe, déménagement, règles plus strictes, etc.).

 

Dans d’autres cas, le refus est persistant et s’installe dans la durée. Le parent concerné peut alors se sentir rejeté, impuissant, ou même soupçonner l’autre parent d’influencer l’enfant. Le parent « préféré », de son côté, peut vivre un tiraillement entre vouloir respecter les sentiments de l’enfant et l’obligation légale ou morale de favoriser le maintien du lien.

 

Important : L’expression d’un malaise par l’enfant ne doit pas être automatiquement interprétée comme une vérité absolue, ni comme une manipulation. C’est un signal qu’il faut prendre au sérieux, en gardant à l’esprit que l’enfant perçoit les situations avec sa sensibilité et son âge.

L’audition amiable de l’enfant : donner une voix sans donner un choix

L’audition amiable permet à l’enfant de parler en toute confidentialité à un.e professionnel.le neutre et qualifié, soit l’auditeur ou l’auditrice amiable pour enfant, dans un cadre structuré et bienvaillant. Contrairement à une évaluation psychosociale ou à une thérapie, l’audition n’est pas une démarche clinique, ni un processus judiciaire.

 

✦ Quels sont les objectifs?

  • Offrir à l’enfant un espace d’expression libre, sans pression.
  • Comprendre son vécu, ses perceptions, ses émotions, ses besoins.
  • Favoriser le dialogue entre les parents, en leur transmettant (avec l’accord de l’enfant) ce qui pourrait les aider à mieux ajuster les ententes parentales.
  • Redonner du pouvoir à l’enfant sans lui imposer de responsabilités d’adulte.

Ce que l’audition n’est pas :

  • Une occasion pour l’enfant de « choisir » son parent préféré.
  • Un interrogatoire ou une validation de la version d’un parent.
  • Une démarche de preuve pour un conflit judiciaire.
Quelques exemples de situations où l’audition peut être proposée aux parents

Voici quelques façons concrètes dont la collaboration entre avocat et coach coparental bénéficie à toutes les parties :

  • Clarifier les enjeux relationnels : en travaillant avec les parents sur la responsabilité parentale, le coach permet à l’avocat de se concentrer sur les aspects juridiques;
  • Améliorer la communication entre les parties : ce qui facilite les négociations et les ententes;
  • Préparer les parents aux rencontres de médiation ou aux audiences : en aidant les parents à se centrer sur les besoins de l’enfant;
  • Favoriser l’application concrète des ententes juridiques : les parents ayant reçu du soutien sont plus enclins à coopérer;
  • Accompagner en complément du droit collaboratif : dans les dossiers complexes où une équipe multidisciplinaire est mise en place;
  • Apaiser les relations : ce qui évite que l’avocat doive gérer seul les tensions qui dépassent le champ strictement juridique.

Quelques exemples de situations où l’audition peut être bénéfique

L’audition amiable de l’enfant est une démarche pertinentes dans plusieurs contextes, notamment lorsque les enfants semblent vivre des tensions ou expriment des besoins difficiles à capter pour les adultes. Voici des exemples concrets :

  • L’enfant refuse de se rendre chez un parent, de façon répétée ou soudaine, sans que le parent gardien comprenne clairement les raisons.
  • L’enfant verbalise de la colère ou de l’injustice, par exemple en disant que ses idées ou préférences ne sont jamais prises en compte dans les décisions familiales.
  • L’enfant se plaint de conflits constants entre les parents, même en dehors de sa présence, ce qui l’affecte émotionnellement.
  • L’enfant semble anxieux ou régressif avant ou après les séjours chez l’un des parents, sans que ce dernier rapporte d’événement problématique.
  • L’enfant évoque des malaises physiques ou émotionnels, comme des maux de ventre récurrents, de la tristesse, ou de l’insomnie, liés aux transitions de garde.
  • Le choix de l’école secondaire est à prendre pour le jeune et les parents ne s’entendent pas.
  • Il y a un changement majeur dans la vie d’un parent (ex. : nouveau conjoint, recomposition familiale, déménagement, horaires de travail atypiques) et l’enfant réagit mal à ces ajustements.
  • Les parents envisagent de modifier le partage du temps parental, mais souhaitent valider les perceptions et les besoins réels de l’enfant avant de prendre une décision.
  • Les professionnels impliqués (ex. : école, intervenants sociaux) remarquent un changement de comportement, de l’isolement ou une baisse de concentration, qui semble lié au contexte familial.
jeune garçon cache son visage triste

Comment se déroule une audition amiable chez Nuances?

Le processus comprend plusieurs étapes, toujours dans le respect du rythme et des besoins de l’enfant :

 

  1. Rencontre préparatoire avec les deux parents: Avant de rencontrer l’enfant, la professionnelle du service d’audition s’entretient avec chacun des parents pour bien comprendre le contexte, expliquer le cadre et obtenir leur consentement.
  1. Rencontre(s) avec l’enfant: L’enfant est accueilli dans un climat chaleureux et sécurisant. Selon son âge, ses capacités et ses préférences, différents moyens sont utilisés pour favoriser la parole : dessin, jeux symboliques, échelles de ressenti, mise en scène de scénarios, etc.  L’enfant est informé dès le départ que certaines choses pourront être partagées avec ses parents, toujours en respectant ce qu’il accepte de transmettre. Le but n’est jamais de le mettre dans une position inconfortable, mais de favoriser l’écoute de ses besoins.
  1. Retour aux parents: Un retour confidentiel est effectué auprès des parents, basé sur ce que l’enfant a accepté de transmettre. L’objectif est d’éclairer les adultes pour qu’ils puissent prendre des décisions plus adaptées et sensibles à ce que vit leur enfant.

Et ensuite?

L’audition amiable n’est pas une fin en soi. Elle peut déboucher sur plusieurs suites possibles :

  • Un ajustement volontaire des ententes entre les parents
  • Une reprise du dialogue via la médiation familiale
  • Une référence à des services psychosociaux pour accompagner l’enfant ou la famille
  • Une meilleure compréhension mutuelle entre les parents

Pourquoi les professionnels devraient-ils y penser?

Pour les psychologues, intervenants sociaux, travailleurs sociaux, thérapeutes en relation d’aide ou avocats qui accompagnent des familles en situation de séparation, recommander une audition amiable peut :

  • Permettre de désamorcer un conflit naissant ou persistant
  • Préserver le lien entre l’enfant et les deux parents
  • Réduire l’intensité émotionnelle des procédures judiciaires
  • Éviter de faire porter à l’enfant une responsabilité qu’il n’a pas à assumer
  • Appuyer les parents dans une prise de décision plus éclairée et bienveillante

Pour les psychologues, intervenants sociaux, travailleurs sociaux, thérapeutes en relation d’aide ou avocats qui accompagnent des familles en situation de séparation, recommander une audition amiable peut :

  • Permettre de désamorcer un conflit naissant ou persistant
  • Préserver le lien entre l’enfant et les deux parents
  • Réduire l’intensité émotionnelle des procédures judiciaires
  • Éviter de faire porter à l’enfant une responsabilité qu’il n’a pas à assumer
  • Appuyer les parents dans une prise de décision plus éclairée et bienveillante

L’intérêt supérieur de l’enfant passe par l’écoute… mais pas n’importe comment

L’enfant a le droit d’être entendu, mais il a aussi le droit de ne pas avoir à trancher ou à porter le conflit de ses parents. L’audition amiable est un pont entre son monde intérieur et le monde adulte dans lequel se prennent les décisions.

 

C’est une démarche empreinte de respect, qui place l’enfant au centre, sans le mettre au milieu. Chez Nuances, nous croyons que les enfants méritent d’être entendus autrement, dans la douceur, la nuance et la reconnaissance de leur vécu unique.

 

Il est important de souligner que cet article n’aborde pas les aspects juridiques de la question, ni les nuances qui peuvent exister selon qu’il y ait ou non un jugement de Cour supérieure en vigueur. Si, en tant que parent, vous avez des inquiétudes sérieuses pour la sécurité ou le développement de votre enfant, il est fortement recommandé de consulter un professionnel du droit, tel qu’un avocat en droit familial. Cet article d’Educaloi est informatif sur le sujet de la garde.  Il est aussi possible d’explorer d’autres avenues d’accompagnement notamment la médiation familiale et le coaching coparental, services offerts par Chloé Massicotte-Laforge, travailleuse sociale.

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